Archives de Catégorie: Soutien

Pour se faire un mental d’acier

S’il est une personnalité qui a su faire de son mental une force, c’est bien Mohamed Ali (1942-2016). Le boxeur américain a suscité autant d’admiration que de mépris, sans jamais renoncer ni à ses idéaux, ni à sa carrière. Dans les années 60, il devient un athlète mondialement connu en remportant tour à tour Jeux Olympiques et Championnats du monde. Mais ce début de carrière tonitruant est arrêté net par un cas de conscience : Ali refuse de partir au Vietnam, pays avec lequel les Etats-Unis entre en guerre. En 1967, après avoir déclaré que jamais aucun Vietnamien ne l’avait insulté et qu’il n’irait en combattre aucun, il est vilipendé, attaqué en justice, et se voit retirer tous ses titres sportifs et condamné à de la prison. Il fait appel, mais est exclu des milieux de la boxe malgré tout. Il doit attendre presque quatre ans pour que la Cour Suprême ordonne qu’on lui rende sa licence de boxe et qu’on annule ses condamnations. Il remonte enfin sur le ring en 1970 : ce devait être « le combat du siècle », il est mis KO au dernier round. C’est sa première défaite en tant que boxeur professionnel. Il continue de se battre néanmoins, gagne d’autres combats dans la foulée et fini par reconquérir son titre de champion en 1974 grâce à sa stratégie du « rope-a-dope » : face à son adversaire, appuyé contre les cordes de délimitation du ring, il se laisse frapper jusqu’à ce que l’autre fatigue, puis en profite pour le mettre KO. Son envie de gagner ne faiblit pas sous le succès. Il remporte une troisième fois le titre de champion du monde en 1978. C’est le seul boxeur à avoir été champion du monde par trois fois. Il ne prendra sa retraite qu’en 1980, marquant la fin d’une carrière jalonnée de records, avec 56 victoires, 5 défaites et 37 KO. Il ne quitte pas la sphère publique pour autant, et parle ouvertement de la maladie de Parkinson qui lui est diagnostiquée en 1984. Il est de plus en plus affecté dans ses mouvements et dans sa diction, mais continue de s’investir pour les autres, au travers d’activités de philanthropie. Son mot d’ordre : ne comptez pas les jours qu’il vous reste à vivre, mais arrangez-vous pour que, dans votre réussite, chaque jour compte.

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Saisir toutes les opportunités

Thomas Jefferson (1743-1826) est l’un des pères fondateurs des Etats-Unis, aux côtés de George Washington, entre autres. C’était un homme aux talents multiples, écrivain, brillant juriste et politique né. Il a su faire de chaque étape de sa vie des moments décisifs pour son pays. Il a grandi dans ce qui était encore une colonie britannique avant de contribuer à faire de son pays la nation indépendante que nous connaissons aujourd’hui. Il fait d’abord des études de droit et deviennent avocat. Mais il ne plaidera jamais : il est capté par le monde politique. Chaque rencontre, chaque événement est pour lui l’occasion de formuler des opinions novatrices et inspirantes qui le propulsent au coeur des instances qui gouvernent son état puis son pays. D’abord élu dans les assemblées représentatives de Virginie, son état natal, il se fait remarquer alors que la grogne contre la domination britannique monte et que la guerre d’indépendance se prépare. Il des pamphlets dénonçant avec brio les injustices dont sont victimes les colonies britanniques en Amérique. Ses écrits engagés et son sens du contact font de lui une figure essentielle de sa communauté. Mais c’est par l’audace de ses idées et son talent pour les faire connaître qu’il se distingue : il rédige, en particulier, une _Déclaration des Droits_ qui révolutionne l’ordre en place en instaurant pour la première fois au monde la séparation de l’église et de l’état. En 1776, il devient l’auteur de la Déclaration d’Indépendance, qui signe le début de la grande aventure américaine, une nation nouvelle guidée par des principes philosophiques garantissant l’épanouissement de chaque individu. A la mort de sa femme en 1782, il combat son abattement en acceptant de faire un voyage à Paris à la place de Benjamin Franklin. Le but est d’établir des relations diplomatiques entre la France et la nouvelle nation états-unienne. Ce voyage se révèle décisif pour lui et pour sa nation. Il affirme sa francophilie et en profite, quelques années plus tard, en 1803, en tant que président des Etats-Unis cette fois, pour doubler la superficie de son pays en achetant à la France la Louisiane.

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Avoir toujours les idées claires

On ne s’imagine pas assez souvent les philosophes au travail. De même on ne se représente guère ce qu’implique, en pratique, le travail de la pensée. Je me souviens avoir été très marqué par le film qui raconte la vie de la philosophe Hannah Arendt (1906-1975), sorti en 2012 et réalisé par Margarethe von Trotta. L’intellectuelle dont il est question a bouleversé le monde entier par sa pensée incisive, désarmante de recul et d’objectivité, d’autant qu’elle fut produite dans les circonstances insoutenables de la découverte des exactions nazies. Comment Hannah Arendt envisageait-elle son travail ? Comment l’organisait-elle ? Que fait-on concrètement quand on fait profession de penser ? On y voit l’héroïne se débattre avec ses éditeurs, ses détracteurs, on la voit au public comme au privé, mais surtout, on la voit penser. Et devinez comment la cinéaste a filmé l’actrice tenant le rôle titre en train de penser ? Sur un divan austère, allongée, endormie. Il faudrait faire le décompte des minutes et des plans consacrés à montrer l’actrice assoupie, à un mètre de sa machine à écrire tout entourée de désordre et de papiers chiffonnés ! Pour moi, c’est très clair : exceller, c’est d’abord sommeiller.

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Des approches pour trouver sa voie

Paulo Coelho (1947-) raconte qu’il a su toute sa vie que son rêve était de devenir écrivain, ce qu’il affirme encore aujourd’hui, après avoir vendu plus de deux cent millions de livres. C’est un des auteurs vivants les plus lus au monde. On ne l’a pourtant pas vraiment laissé faire : son père, ingénieur, ne pouvait concevoir que son fils choisisse une voie aussi hasardeuse. Sa mère ne l’a pas soutenu davantage. Le dépit et le tourment de Paulo Coelho le plongèrent dans un état que ses parents jugèrent suffisamment préoccupant pour l’envoyer de force en hôpital psychiatrique, alors qu’il n’avait que dix sept ans. Il admettra plus tard que ses parents ne voulait que son bien et que leurs choix furent guidé par l’amour qu’ils lui portaient. Il chercha à s’échapper de l’asile par trois fois, avant d’en être retiré pour de bon après trois ans d’enfermement. Il se plia alors à la volonté de ses parents et s’engagea dans des études de droit, en abandonnant son rêve de devenir écrivain. Cette vie rangée fut de courte durée : quelques mois plus tard il décida de partir sillonner le monde entier et d’embrasser une vie de hippie dans les années 60. Il revint vivre peu de temps après dans son Brésil natal pour s’associer à des chanteurs et chanteuses pour qui il travaillait en tant que parolier. En 1974, il fut arrêté, par la police de la dictature au pouvoir, pour subversion — les paroles des chansons qu’il écrivait ne correspondaient pas à l’idéologie en place. Ce n’est que plusieurs années plus tard qu’il décida de quitter tous les métiers qui l’occupaient pour se consacrer entièrement à ce qui le motive le plus : l’écriture. Coelho connut ensuite le succès phénoménal qu’on sait.

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